Le texte de Pascal Vrebos est traversé par une conscience implacable qu’il nous livre en humaniste lucide et profond, sensible à la détresse et à la fragilité, ne la jugeant pas mais nous la proposant telle qu’elle est. A l’instar d’autres oeuvres de Pascal Vrebos que nous avons évoqué déjà à la publication de son Théâtre complet , Crime Magistral nous laisse bouleversé et nous habitera longtemps encore, comme tous les grands textes de la bibliothèque de l’honnête homme où nous le rangeons à côté de Camus et de Simenon.
La mise en scène de Michel Wright, le nouveau directeur du Théâtre de La Valette, a exploré et mis en valeur toute la palette d’expression et de sensibilité du monologue halluciné et tragique du personnage de Boulanger. Ce dernier est incarné par un comédien au mieux de son talent. Que ce soit dans la colère ou dans le chagrin, dans le sarcasme ou dans l’angoisse, dans l’effondrement ou dans la révolte, Jean-Philippe Altenloh a bouleversé le public par la force et la justesse de son jeu, par la palette aux multiples valeurs avec laquelle il interprète un homme seul, enfermé en lui-même autant que dans cet asile aux murs blancs, que nous regardons comme un frère inconsolable. Nous l’avions vu dernièrement dans “Le souper” et “Petits crimes conjugaux”. Dans le rôle de Boulanger, Altenloh entre dans un de ses plus poignants personnages qu’il étreint littéralement avec la puissance incandescente des acteurs hors norme lorsqu’ils deviennent ce qu’ils incarnent.