Cette pièce de théâtre de Pascal Vrebos fut écrite en 2009.

Elle fut présentée en lecture-spectacle à Paris le 11 octobre 2010 à  la Délégation Générale Wallonie-Bruxelles avec Marie-Christine Barrault dans une mise en scène de Jean-Claude Idée.

Elle fut créée le 9 février 2011 au Théâtre des Galeries à Bruxelles.

LADY CAMILLA

Dans la meilleure tradition royale, il y a eu deux créatures dans la vie du prince Charles : une femme imposée par la Cour pour la pérennité de la dynastie et une femme qu’il aime. La première – chair fraîche et virginité certifiée par les médecins, née du meilleur sang bleu – est là pour remplir le contrat royal : donner deux héritiers et montrer l’exemple. La seconde comprend le Prince comme nulle autre femme, lui donne confiance, le materne – et il en a bien besoin -, lui insuffle son énergie vitale dans un accord charnel qui fait trembler la Couronne. Elle l’a accompagné dans les épreuves, les victoires, les défaites ou les traversées du désert.

Si la loi islamique punissant de mort l’adultère par la lapidation était appliquée à la haute société britannique, il serait extrêmement difficile de trouver quatre personnes pour faire un double mixte ! À l’époque des mariages arrangés, avoir des maîtresses était le plus souvent le seul passeport pour le plaisir. Le système avait l’avantage d’éviter le divorce préjudiciable aux enfants.

On s’aime, on se déchire, on se prend, on se déprend… Cette chronique romancée qui se déroule pendant plus de trente ans a pour cadre des palais, des manoirs, des garçonnières et des terrains de polo, glamour et mortifères.

Dans les décors de Buckingham Palace, de Highgrove et de Windsor, dans la capitale comme dans la campagne, on observe les intrigues et les haines au sommet, les discussions familiales et les petits secrets d’une royauté qui fait toujours rêver. Voilà une incroyable histoire d’amour qui est aussi une formidable étude sociologique sur l’aristocratie britannique, ses codes, sa hiérarchie rigoureuse, ses lambeaux de gloire. Derrière le conte de fées et le drame se cache un thriller de la haute société la plus secrète et la plus puissante du monde.

Le soap opéra royal offre aussi une plongée dans la comédie humaine qu’est la presse populaire, laquelle s’enchante des frasques des Windsors. Les embrouilles sentimentales affichées au grand jour réjouissent les médias et alimentent les caisses. Les héros sont victimes ou consentants, mais toujours leurs aventures, mises en scène par la presse de caniveau et amplifiées par l’opinion publique, les dépassent jusqu’à devenir parfois des enjeux politiques.

Au-delà de l’amour, ce ménage unique, qui a bouleversé le cours de l’histoire britannique et évoque le bruit et la fureur de Shakespeare, est aussi un choc d’ambitions : la détermination de Diana à épouser le célibataire le plus célèbre au monde et à devenir princesse de Galles, la volonté de Camilla d’égaler sa parente Alice Keppel, maîtresse du prince de Galles puis roi Edward VII, et le souci de Charles d’assurer la pérennité dynastique.

Et puis le destin, le fatum, s’en est mêlé. Comme dans les tragédies antiques.

Nul plus que Shakespeare n’imprègne l’Angleterre. Rien de ce qui la touche ne peut se comprendre sans lui. Et ce ménage à trois se lit comme une tragédie du maître de Stratford-upon-Avon. Charles, c’est Hamlet, le prince troublé du Danemark, peu sûr de lui, mélancolique, passif, mais aussi déterminé et compatissant. Camilla serait une Lady Macbeth en plus doux, personnage mêlant désir féminin, manipulation et domination. Enfin, Diana fait immanquablement penser à Desdémone, la jeune épouse d’Othello, dit le Maure, devenue piège à fantasmes si puissants qu’elle s’y est immolée. Le destin a fait son œuvre dans des vies réglées en bouleversant une voie toute tracée.

Shakespeare savait d’instinct provoquer les larmes mais aussi le rire. Un homme et deux femmes, un adultère, la famille et les amis, les mensonges, les indiscrétions, les rebondissements, le tout sous le regard impassible de Sa Majesté : cette chronique intime a aussi tous les ingrédients d’une comédie de mœurs.

Charles-Camilla-Diana, ce n’est pas seulement une formidable histoire d’amour, c’est aussi une extraordinaire saga de cynisme et d’utilitarisme comme seule une vieille dynastie peut en créer.

Aux pires heures de la crise, beaucoup se demandaient si la monarchie britannique n’était pas devenue, ainsi que le disait Byron de l’Italie, la triste mère d’un empire défunt. L’institution royale a survécu aux frasques des joyeux héritiers Windsors. Peut-être parce que le souverain tient une place centrale dans cette nation que les crises du cœur et les assauts d’une presse vorace n’ont jamais menacée.

La démocratie couronnée jouit plus que jamais de l’adhésion de ses sujets.

http://www.rtl.be/info/video/273600.aspx


 

Un trio infernal à Buckingham

(…) Outre-manche, Pascal Vrebos a lui aussi été inspiré par ce trio infernal et a adapté l’histoire de ces trois personnages depuis leur rencontre jusqu’en 2015 dans “Lady Camilla ou le choix du prince” que Fabrice Gardin met en scène avec ingéniosité au Théâtre royal des Galeries.

Sur scène, peu de décors, une banquette, un service à thé, un niveau surélevé où trône la reine et d’habiles lumières suffisent pour nous plonger au cœur de Buckingham Palace. Les séquences assez courtes sont infiniment théâtrales : conflit entre tradition et modernité, choc des ambitions et surtout une femme qui aime un homme qui en aime une autre Diana apparaît en femme humiliée et souffrante, mais décidée (Stéphanie Van Vyve), Camilla en manipulatrice, mais sincèrement amoureuse (Ingrid Hederscheidt), Charles (Nicolas Buysse) en grand échalas qui ne rend heureuse aucune des deux femmes et ne pense qu’”à la raison d’État” tout comme la Reine mère insensible (Louise Rocco). Témoin de ces conflits d’alcôve, James, le majordome, est incarné par l’excellent Freddy Sicx. Le spectacle – qui, raccourci de quelques scènes, aurait gagné en densité – permet de voir sous un autre jour ce ménage à trois campé par des acteurs stupéfiants de ressemblance.

Camille Perotti, La Libre, 18/02/2011


Ménage à trois

(…) la mise en scène de Fabrice Gardin donne une touche plus rock’n’roll à ce panorama très lisse. Le minimalisme du décor d’abord – quelques chaises cossues pour évoquer les palais ou deux rambardes pour convoquer une croisière sur le yacht royal – suggère finement le grand vide qui caractérise les personnages.

Ils ont tout, mais manquent de l’essentiel : l’amour d’un mari pour Diana, l’amour d’une mère pour Charles. A ce propos, Louise Rocco est épatante en Elizabeth. Plus forte qu’Helen Mirren dans The Queen, la comédienne est une reine formidablement guindée, insensible et froide. De son côté, Stéphanie Van Vyve, peu aidée par une perruque caricaturale, apporte aussi un souffle vivifiant en Diana, tourbillon de désirs et de nerfs. (…) La touche comique viendra du majordome (le pince-sans-rire Freddy Sicx), à la fois narrateur, serviteur et voyeur de cette histoire qui se laisse regarder grâce à son rythme vif, mais ne fait certainement pas avancer le monde.

Catherine Makereel, Le Soir, 21/02/2011


Bravo! Magnifique!

Bravo à Vous les Comédiens ! Bravo à Vous monsieur l’Auteur ! Bravo à Vous Fabrice Gardin pour l’excellence et l’originalité de votre mise en scène et en action, brillante et des plus vivantes. Une magnifique direction d’acteurs de tout premier plan. De bonnes trouvailles dont les enchaînements des nombreuses séquences qui se font à vue – au son d’une musique rock endiablée choisie par Laurent Beumier – avec allées et venues de jeunes figurants qui placent et déplacent les éléments de décors.

Bravo à Anne Guilleray pour la scénographie, Françoise Van Thienen pour les costumes (La Reine : une seule robe – classique et rigoriste, c’est bien Elisabeth ; une volée de robes soyeuses, étincelantes, c’est bien Diana)… Félicien Van Kriekinge pour les lumières, Alexandra Verbeure pour la chorégraphie (Chouette le salut final dansé), Céline Van Kriekinge pour les maquillages (dont ceux de Stéphanie Van Vyve qui indiquent parfaitement l’évolution physique d’une toute jeune fille à une femme accomplie, et les perruques (portées par les trois actrices).

Roger Simons, cinemaniacs


 Lady Camilla au Théâtre des Galeries

(…) Un Charles aux mimiques bien construites, faisant sourire un public réceptif. Des réflexions bien placées, même osées. Une Diana fort innocente. Une Camilla méconnue sous cet aspect, mais pas inappréciable pour autant. Un majordome amusant et délassant, enregistrant tout pour son futur bouquin, histoire de s’assurer une pension dorée. Le tout rythmé par une musique pop/rock very british.

Bref, un assemblage cohérent et concluant. Une soirée agréable à passer avec des personnages qui ont bouleversé la monarchie britannique.

Olivia Roks, La Libre Essentielle, 11/02/2011


Lady Camilla séduit

Le décor très modulable d’Anne Guilleray nous fait passer de Buckingham Palace à Highgrove House, les costumes très d’époque de Françoise Van Thienen nous recréent les acteurs de cette saga dont les photos de presse et autres reportages restent dans nos souvenirs. Au-delà de cette fidélité visuelle, l’ironie, la dérision et la parodie ont été aussi choisies par Fabrice Gardin pour la mise en scène.

Sous sa direction, et derrière les mots de Pascal Vrebos, on retrouve tout le drame vécu par le trio infernal Lady Di, le Prince Charles et Camilla, mais surtout beaucoup de satire et de causticité notamment grâce au personnage croustillant du majordome (un savoureux Freddy Sicx) témoin des frasques et confessions de Stéphanie Van Vyve (Lady Di), Nicolas Buysse (Charles), Ingrid Heiderscheidt (Camilla), sans oublier la présence de Louise Rocco, une Elisabeth II plus royale que jamais.

Sorte de vaudeville shakespearien, Lady Camilla séduira tout particulièrement les fans de potins people qui reconnaîtront là pas mal d’insinuations et de faits pimentés qui ont alimenté leurs tabloïds favoris, les autres s’amuseront d’un spectacle caustique et parodique à souhait.

Muriel Hublet, Plaisir d’offrir, 18/02/2011


Prince Charles’s visit to Brussels will come straight out of royal farce

Prince of Wales will talk green matters to MEPs while doppelganger speaks to his plants onstage

Leo Cendrowicz in Brussels

https://www.theguardian.com/uk/2011/feb/08/prince-charles-brussels-visit-play-diana-camilla


The Prince of Wales rarely visits Brussels, but at lunchtime on Wednesday he will be at the European parliament, urging EU officials to stay focused on climate change despite the economic downturn.

And later, Prince Charles will beonstage at the Belgian capital’s biggest theatre, singing to the plants in his greenhouse.

Closer reading of the bill reveals only one of the two is the authentic royal real deal. While the prince will address MEPs, an actor is to portray him at the theatre.

The royal box looks likely to be empty for the premiere of a comic play promising an incendiary take on the prince’s muddled private life, dramatising the love triangle between Charles, Camilla Parker Bowles and Diana, Princess of Wales.

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 Lady Camilla, or The Prince’s Choice depicts royal chaos, with a fraught Queen struggling helplessly to contain the mess unleashed by Charles’s disintegrating marriage. By an extraordinary coincidence, the opening night of the cheeky play has fallen on a day Charles was in town.

Yet as Prince William and Kate Middleton count down to their wedding, it provides an unwelcome reminder of how a previous fairytale royal marriage slipped into charade and tragedy.

Weaving real life with invented scenes, the play features five characters: Charles, Diana, Camilla, the Queen and James, a fictional butler to the prince.

Beginning three decades ago, when Charles first met Camilla, it is part love story, part bedroom farce, part sociological study of the British aristocracy.

Director Fabrice Gardin believes the mix of genres reflects the modern day mythology of the royal family. “It’s a fascinating world of secrets, things unsaid and taboos,” he said.

“It is also a critique of the way high society conducts human relations, considering itself above the law.”

The play suggests Diana was selected on Charles’s behalf for her suitability to ensure dynastic continuity: as a fresh-skinned, blue-blooded young bride, her virginity certified by doctors, she was merely expected to fulfil a royal contract and produce two heirs.

As a loveless match, the marriage had the shakiest of foundations, with Charles and Camilla even spending the night together on the eve of the 1981 royal wedding.

The play shows Diana becoming more assertive, developing a Hollywood media image while battling her private neuroses.

Charles, by contrast, is shown as a solitary man, his character scarred by his strict upbringing. Camilla, while tender towards Charles, is portrayed as a manipulative powerbroker.

Despite the play’s melodramatics, it has been written by one of Brussels’ most celebrated intellectuals: Pascal Vrebos, a cultural commentator, semiotics lecturer and author of books about Mikhail Gorbachev and Henry Miller.

His interest was piqued when he discovered that Camilla had recommended that Charles marry Diana.

“This is an eminently theatrical situation,” Vrebos said, comparing the vacillating Charles to Hamlet, scheming Camilla to Lady Macbeth and Diana to Othello’s doomed wife Desdemona.

“Camilla wants to be a royal mistress, Diana is in love with the idea of royalty and Charles doesn’t want to marry. It’s a comedy of masks, of power and money, of intrigues, of secret services and sex.”

The play is being staged at the Théâtre Royal des Galeries, an 850-seat auditorium decorated by surrealist painter René Magritte.

The production is likely to gather far larger crowds than Charles will at the European parliament. It is scheduled to run for a month, until 6 March, but there are no plans to tour in the UK.

 

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La pièce fut mise en espace à Paris  à la Délégation Générale Wallonie-Bruxelles le 11 octobre 2010 dans une mise en scène de Jean-Claude Idée avec  Marie-Christine Barrault, Anna Gaylor, Fabienne Perineau, Jean-Paul Tribout et Yvan Varco.